RESTAURATION DU GRAND FOYER " En somme, je ne connais rien d'aussi important que les grandes nefs des églises gothiques et me disant que l'Opéra était après tout comme un temple ayant l'art pour divinité, je voulais que si la salle était considérée comme le sanctuaire de ce temple, le foyer en fût considéré comme la nef. " En qualifiant ainsi le foyer de l'Opéra de Paris, Charles Garnier exprime l'importance qu'il va lui accorder lors de la construction du théâtre. Le Palais Garnier est une commande de l'Etat, par décret du 14 novembre 1858. Dans cette commande, la fonction et la description sommaire du foyer sont données : " Le public ne se réunit pas au foyer comme dans un salon, il s'y promène. Les foyers doivent comprendre : 1 / une ou deux galeries aussi développées que possible en longueur, 2 / une galerie ou une loge ouverte et 3 / vers les extrémités de la principale galerie avec laquelle ils communiqueront par une double baie, de petits salons où les habitués qui ne goûtent pas les plaisirs ambulatoires pourront causer paisiblement. " Un concours d'architectes fut ouvert. Le 29 mai 1861, Charles Garnier, jeune architecte de 32 ans, remporta à l'unanimité la commande. Il partit alors à travers l'Europe visiter de nombreux théâtres afin de façonner ses idées pour le futur Opéra de Paris. Pour le foyer, en particulier, il décida de ne pas reproduire les modèles existants et de faire naître une nouvelle conception du foyer. " Quelques théâtres italiens et allemands sont pourvus de foyers, mais ces pièces et ces galeries plus ou moins vastes, plus ou moins décorées sont pour la plupart tristes et froides. " En France, au XVIIIème siècle, le foyer était le lieu où on pouvait se chauffer. Au XIXème siècle, avec la coutume de l'entracte, les foyers gagnent en importance. A l'époque où l'aristocratie s'affaiblit et où la bourgeoisie prend de l'importance, le foyer devient un lieu de prédilection pour les échanges. Cependant, le désir de maintenir divisé le public va se poursuivre et chaque étage disposera de son propre foyer. Garnier s'opposera à cette conception du foyer, reflet des fractures sociales et prônera le foyer unique. Le foyer de Garnier revêt l'aspect d'une utopie sociale : il est ouvert à l'ensemble du public qui, sans aucune distinction, peut y accéder en empruntant les mêmes circulations. Travaux de restauration
Le
grand foyer, composé de cinq travées, est prolongé
de chaque côté par un salon octogonal et un petit salon.
Si
les travaux de restauration ont pour objet de redonner au grand foyer
et à ses salons attenants leur éclat d'origine avec les
dispositions souhaitées par Charles Garnier, ils visent également
à prendre en compte et à intégrer les demandes techniques
importantes liées aux trois différentes utilisations que
connaît ce lieu aujourd'hui :
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