RESTAURATION DU DECOR

Le volume simple du grand foyer est masqué par un décor de bois, de staff et de plâtre, qui anime avec somptuosité l'ensemble, du sol au plafond, comme une seconde peau modelée. Un document de 1874 nous renseigne sur les travaux achevés et ceux à poursuivre concernant les décors sculptés, la marbrerie, les dorures et le mobilier du foyer. Dans le foyer et les petits salons, le sol est entièrement parqueté de chêne au point de Hongrie, avec une bande d'encadrement en chêne, noyer et ébène. Dans les salons octogonaux, il est parqueté en chêne, noyer et ébène avec une rosace centrale. En 1874, le parquet est en cours de réalisation. Dans les rotondes de la lune et du soleil, le sol est revêtu d'une mosaïque avec une rosace centrale et une bande d'encadrement figurant une frise grecque.

Les murs du foyer sont extrêmement chargés de décorations. Les trumeaux situés entre les baies et les glaces, comportent des colonnes jumelées qui sont couronnées par un entablement donnant naissance aux voussures. Dans chaque angle de l'entablement sont assis deux enfants, sculptures de Jules Thomas. Au dessus de chaque colonne, vingt statues de 2,50 mètres de haut personnifient les qualités nécessaires à l'artiste. Sur le socle de chacune d'elles, son nom est écrit en grec. Les murs du foyer furent préparés et peints avant de recevoir les dorures et les toiles marouflées. Les peintures furent réalisées par l'entrepreneur Blanc. Les colonnes jumelées, les sculptures et toutes les décorations jusqu'au plafond furent peintes à l'huile avec rechampissage de dorure à l'effet. Les fonds des reliefs furent peints à l'huile, dessinant des motifs géométriques aux couleurs claires. Aujourd'hui, ces motifs ont été recouverts d'une teinte marron foncé.

Charles Garnier a utilisé la technique de la dorure à l'effet, procédé en vogue pendant la Renaissance, en Italie notamment. Il en donne une définition très simple :
" Ce procédé, appelé dorure à l'effet, n'est qu'une espèce de rehaussé, non plus appliqué sur des contours définis, mais bien sur des parties de surfaces qui, par leur position, doivent recevoir les reflets et les brillants de la lumière. "
Garnier explique que la dorure à l'effet permet de retenir la lumière en offrant un très bel effet et ceci à moindre coût pour la décoration. " La dorure à l'eau revient de 120 à 140 francs le mètre superficiel, (…) la dorure à l'effet à 15 francs à peu près quand elle est faite pour être vue de près et à 5 francs lorsqu'elle doit être vue de loin. "

Il se défend ainsi dans le volume I de son livre intitulé Le Nouvel Opéra de Paris contre les critiques qui lui ont été faites sur l'utilisation abusive de l'or en expliquant l'économie effectuée pour un éclat somptueux des ors, aujourd'hui difficilement perceptible à cause de l'encrassement.

Travaux de restauration
Le grand foyer et ses salons attenants avaient perdu la somptuosité et l'éclat souhaités par Garnier, l'encrassement nuisant à la lecture des reliefs et des peintures. Pendant les travaux, l'ensemble des décors en bois, en staff et en plâtre avec leurs peinture et dorure a été restauré. Avant de remettre en peinture et dorure l'ensemble du décor, les décors en bois ont été restaurés : les toiles encollées ont été déposées, les fissures poncées et les éléments défectueux remplacés. De même, les éléments en staff détériorés ont été restaurés : les manques ont été restitués par incrustation des épreuves faites à partir de moulages. Les parquets ont été restaurés ainsi que les mosaïques des sols des rotondes.

Les peintures et les dorures ont été reprises après nettoyage et établissement d'un protocole d'intervention pour leur restauration. Les stylobates et les soubassements ont reçu une peinture identique à l'originale. Les panneaux peints dans les entrecolonnements et les fonds des frontons circulaires ont été restitués selon les dessins d'origine. L'ensemble des peintures d'art sur les plafonds, voussures et tympans a été restauré après un nettoyage minutieux et un protocole précis d'intervention.

L'ensemble des petits éléments décoratifs en bronze, laiton et fonte a été restauré ainsi que les candélabres à tête de femmes, le manteau des cheminées et les cariatides en galvanoplastie situées au-dessus des cheminées d'après les modèles de Carrier-Belleuse, côté cour, et de Cordier, côté jardin. La galvanoplastie comprend deux sortes d'opérations permettant par électrolyse soit de recouvrir un œuvre d'une couche de métal mince et adhérente dans le but d'améliorer son apparence ou de la préserver d'éventuelles altérations, soit de provoquer le dépôt d'une couche de métal épaisse, continue et non adhérente à l'intérieur d'un moule naturellement conducteur qui sera par la suite supprimé. Garnier a souvent employé la technique de la galvanoplastie pour reproduire des œuvres en relief.


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