RÉSERVER >>> ELEKTRA RICHARD STRAUSS (1864-1949) NOUVELLE PRODUCTION |
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Opéra en un acte (1909) - Livret de Hugo von Hofmannsthal d'après Sophocle - En langue allemande Direction
musicale Christoph von Dohnanyi Mise
en scène Matthias Hartmann
Décors Jan Versweyveld
Costumes
Inge Büscher Dramaturgie
Koen Tachelet AVEC
Elektra Deborah Polaski Chrysothemis Eva Maria Westbroek
Klytämnestra Felicity Palmer Aegisth Jerry Hadley
Orest Markus Brück Der Pfleger des Orest Philippe Fourcade
Ein junger Diener Ales Briscein Ein alter Diener Scott Wilde
Die Aufseherin Susan-Marie Pierson Erste Magd Mary Ann McCormick
Zweite Magd Doris Lamprecht Dritte Magd Heidi Zehnder Vierte
Magd Irmgard Vilsmaier Fünfte Magd Tracy Smith-Bessette
A
LIRE AVANT LE SPECTACLE Rencontre paradoxale que celle du poète
Hugo von Hofmannsthal et du compositeur Richard Strauss. D'un côté,
la fine fleur de ce raffinement viennois dont la mélancolie
pressent « l'apocalypse joyeuse » en gestation. De l'autre,
l'homme d'un terroir, planté, solide, tel qu'on se l'imagine
au beau milieu d'un paysage bavarois. Malgré l'idée
reçue d'une communion artistique exemplaire entre les deux
hommes, c'est comme si cet opéra, Elektra, reflétait
la dissemblance de ces deux caractères. La solitude, l'obsession,
tel est, justement, le sujet de cette oeuvre. Chacun y est seul. Chacun
dans son obsession. Et l'obsession de chacun est incommunicable. Le
temps que dure cet opéra crépusculaire - le temps d'«
une lente tombée du jour » dit le poète -, Électre
se tient arc-boutée sur son projet de vengeance. Comme si tous
les jours, Agamemnon, son père, tombait sous les coups de Clytemnestre,
sa mère, et de son amant Egisthe. Entretenir vif le souvenir
de cette tragédie, tel est le sens de la posture d'Électre.
Tandis que Chrysothémis, sa soeur, espère lui survivre.
Comme l'écrit Hofmannsthal au compositeur : « Qui veut
vivre doit oublier », faire la paix, se réconcilier.
Aussi, la figure antique, archaïque d'Électre - à
la fidélité intraitable - se voit-elle supplantée
dans cette oeuvre par le réflexe de survie incarné par
sa soeur. Loin de la pédagogie de Sophocle, où la douleur
devait se purger de la haine, d'une justice rendue à titre
personnel, de la jouissance du sang versé contre du sang, Électre
devient comme un symptôme. Celui d'un « malaise dans la
civilisation » tel que le diagnostiquera Freud. Quant aux maîtres
d'oeuvre de cette interprétation, ils en sont, eux aussi, à
un moment crucial de leur vie créative lorsque cette collaboration
s'engage : Hofmannsthal, dans le doute pour ce qui touche aux possibilités
de l'art. Quant au compositeur, lui aussi aborde à une limite.
Mais sans vouloir la transgresser. Opéra
Bastille | Première 18 juin 2005
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