RESTAURATION
DES PEINTURES D'ART
En 1864, Charles Garnier fait appel à son ami Paul Baudry
pour réaliser la décoration du foyer, une des parties les
plus importantes de l'édifice.
En
août 1865, la commande officielle des peintures est lancée.
Elle comprend, à l'origine, la décoration des dix médaillons
qui surmontent les grandes baies et qui symbolisent la musique d'un pays,
ainsi que celle des douze voussures qui constituent l'uvre maîtresse
de Baudry. Au nord et au sud sont illustrés le pouvoir de
la musique et de la danse, à travers des scènes tirées
de la mythologie et de la Bible. A l'ouest et à l'est, sont représentés,
respectivement, le Parnasse et les Poètes civilisateurs.
En
1866, Baudry demande à compléter son uvre
par la décoration du plafond et des huit panneaux situés
entre les voussures latérales. Sa demande est acceptée,
malgré les changements qu'elle entraîne sur le projet décoratif
de Garnier. Le plafond central est une illustration allégorique
à la gloire de la Musique : la Mélodie et l'Harmonie sont
couronnées par la Gloire et la Poésie triomphe à
leur côté. Sur
les deux plafonds latéraux sont représentées la
Tragédie à l'est et la Comédie à l'ouest.
Les huit panneaux rectangulaires qui s'inscrivent entre les voussures
latérales représentent huit muses peintes sur fond d'or.
Ces grandes figures monumentales sont inspirées de Michel-Ange
et selon la tradition représentent des contemporaines célèbres.
En
1869, l'ensemble des toiles est presque achevé. Au début
des insurrections de la Commune, en février 1870, Baudry
quitte Paris et les travaux sont interrompus pendant un an. A son retour,
Baudry s'installe à l'Opéra qu'il ne quittera pas
avant l'achèvement de son uvre. L'ensemble de ses toiles
représente dix ans de travail.
Dans
les deux salons octogonaux, les trois tympans au dessus des baies et
les plafonds ont reçu des toiles marouflées côté
cour, et de Barrias, côté jardin. Dans les petits
salons latéraux, au centre du plafond, une toile marouflée
de Clairin figure, côté jardin, les instruments
à cordes et, côté cour, les instruments à
vent et les percussions.
Enfin,
les deux coupoles des rotondes sont décorées par une fresque
: la lune, ses rayons argentés, des étoiles dorées
et un vol de chauve-souris pour la rotonde de la lune ; le soleil, ses
rayons dorés, des étoiles argentées et des salamandres
ou dragons crachant du feu pour la rotonde du soleil. Ces voûtes
ont été décorées par Rubé
et Chaperon.
travaux de restauration
L'ensemble des toiles marouflées de Baudry représente
une surface totale d'environ 400 m2. Deux techniques ont été
principalement utilisées pour la couche picturale : les Muses
des huit panneaux rectangulaires sont peintes sur une toile à
fond d'or (dorure à la feuille posée à la mixtion),
l'ensemble des autres toiles peintes à l'huile ne comporte pratiquement
pas de fond.
La
matière de la couche picturale est faible, ceci est dû semble-t-il
à des économies de matière lors de la réalisation,
ainsi qu'à des nettoyages assez violents au cours des restaurations
successives dès 1881 !
Suite
à l'observation des toiles, plusieurs types d'altérations
marquent ces uvres :
> des altérations naturelles dues à un encrassement
considérable qui a terni les couleurs et laissé des traces
noires,
> des altérations dues à l'environnement architectural,
notamment sur le plafond central représentant la Musique où
deux traces noires parallèles assez larges sont sans doute dues
à la présence des deux poutres IPN au-dessus de la voûte,
des altérations de cohésion qui se traduisent par des
craquelures et par endroit par la pulvérulence et le dédoublement
de la peinture,
> des altérations d'adhésion qui se manifestent
par une désolidarisation des couches entre elles et à
n'importe quel niveau.
Avant
toute intervention, une auscultation des supports a été
réalisée afin de rechercher et repérer précisément
les altérations. Les décollements, ruptures, fissures
du support mural ont été repris.
Avant
tout nettoyage de la couche picturale, les toiles ont été
dépoussiérées. Des essais de nettoyage ont été
par la suite réalisés à partir des conclusions
du restaurateur Benoît Dagron qui a effectué une étude
préalable sur ces peintures. Les essais se sont faits de manière
progressive par allègement ou enlèvement des couches de
cire. Le nettoyage de la couche picturale a été adapté
à chaque toile entre conservation et allègement. Certains
repeints ont été supprimés. L'ensemble de ces essais
a été soumis à l'Architecte en chef des Monuments
Historiques, Alain-Charles Perrot, et validé par lui.
La
restauration de la couche picturale aura été faite par la
suite, essentiellement par la reprise des usures, par des retouches et
par des rééquilibrages. Toutes les patines d'harmonisation
nécessaires ont été mises en uvre. Toutes les
interventions des restaurateurs ont été réversibles.
L'ensemble a été protégé par un vernis final
parfaitement transparent, sans brillance, et présentant une bonne
garantie dans le temps. Les peintures ont alors retrouvé toute
leur lumière.
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